Le travail de catalogage permettant un premier contact avec l'œuvre, n'est pas pour autant assez consistant, pour qu'on puisse en juger de façon concrète, surtout d'une œuvre aussi variée et inhabituelle que celle d'Elisa Chimenti. Je n'oserais pas me prononcer sans retenue, mais ayant saisi quelques lueurs, voici ce qui retient mon attention après une lecture fugace et en diagonale, de quelques pages.
« A la limite de l'ombre »
Semi-autobiographique, pleine d'amertume, décrit le côté négatif de la présence espagnole à Tanger pendant la deuxième guerre mondiale, l'antagonisme entres les rouges (républicains) et les franquistes, la misère des soldats espagnols les angoisses, les peurs et les sentiments de révolte de ceux à qui le sort ne souriait pas, un peu à la manière de Mohammed Choukri .
« La veillée du harem » - « Récits des cours et des terrasses » - « Contes d'autrefois » - « Contes berbères » - « Contes et légendes »
Font partie de l'œuvre enchanteresse d'Elisa Chimenti où elle déploie tout son art, son grand sens de l'humour, la subtilité de sa critique, le sens du sacré, à travers la quelle et grâce à la finesse de son esprit, elle arrive à faire comprendre sans heurts et dans le respect de l'autre, les maladresses et les situations dramatiques pouvant surgir des exagérations d'un système traditionnel , sans toutefois négliger de rehausser les bienfaits et la beauté du côté raisonnable de cette même tradition, l'esprit de respect et de discernement étant primordial pour l'équilibre et le bien-être des hommes et des femmes du monde entier.
« Une étrange aventure » Genre fiction.
Son rêve d'idéal en termes d'amour. Il s'agit probablement d'une œuvre de jeunesse un peu à l'eau de rose, où l'on peut entrevoir son aspiration à un sentiment d'amour plus parfait que celui qu'on trouve communément. Son étrange caractère la rend différente des autres jeunes femmes, comme si elle était venue d'ailleurs, et la fait rêver d'une impossible aventure.
« L'appel magique de l'Islam » Roman.
Histoire émouvante d'une famille dont le père s'est converti à l'Islam. C'est une œuvre merveilleuse où l'analyse psychologique d'Elisa Chimenti avance au-delà des limites de la conscience en la rendant juge et avocate de l'âme d'un converti. Que se passe-t-il dans l'âme d'un individu ou d'un peuple de convertis ? Quels sentiments habitent l'inconscient des convertis ? Quels tournants inattendus dans leurs réactions au fil des ans ? Et là, elle nous parle aussi des Mouleyades (Arabes d'Andalousie convertis au christianisme et restés en Espagne). Une belle œuvre qui pourrait être adaptée au cinéma.
« Khadija de l'Ile Sarde » Epilogue de « L'appel magique de l'Islam »
Elisa nous raconte les premières années de sa vie. L'arrivée en Tunisie, les premiers chants du mouddhen qui arrivent à l'ouïe de la petite fille, et lui donnent les premiers sentiments d'amour et de respect qu'elle a maintenus pendant toute sa vie envers l'Islam. Ce même respect s'étend plus tard à l'étude du Judaïsme et du Christianisme.
« Marra »
La douleur la plus poignante, le cœur meurtri d'Elisa qui savait aimer ardemment. Elisa dans toute sa fibre de femme.
« Miettes »
Les pensées au jour le jour, assimilant le monde des sentiments humains avec les beautés de la nature.
« Maria Grazia et le génie »
Une histoire pleine de charme vécue par une amie d'Elisa, européenne vivant à Fès. Elisa Chimenti qui aime écrire sur les djins (esprits) décrit cette aventure avec un charme tout spécial. (Très prenante pour un court-métrage).
« Petits Blancs »
Elisa les appelait les petits blancs marocains. Au fait, ils étaient pour la plupart des européens venus s'établir à Tanger dès la fin du XIX e. siècle, pleins de rêves pour une nouvelle vie et de craintes pour affronter une culture inconnue. Ils se rencontraient à la pharmacie Sorbier, (appelée auparavant, la Grande Pharmacie Française) pour échanger des idées, parler des dernières nouvelles, apprendre des langues et se donner un peu de courage pour vivre dans cette ville difficile à l'époque. Entre eux on rencontre Elisa sous le nom de Fleur d'Epine, sa mère et son père le docteur G. Pour ajouter au mystère, un marocain fait partie du groupe. Elégant et raffiné dans sa tunique en fine soie blanche, son tassbih (chapelet) parfumé de musc. On sent qu'Elisa aime les marocains depuis le premier contact. Cette œuvre date de 1937. Agréable, amusante, quelques fois dramatique. Elle peut intéresser spécialement les descendants des anciennes familles ayant vécu à Tanger se trouvant aujourd'hui, un peu partout dans le monde.
« Chants du Maghrib – Harmonies »
Œuvre poétique exquise, pleine de beauté.
« Croyances préislamiques » et « les génies »
méritent une étude scientifique par des spécialistes.
Olga Benchekroun